Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Actualatina
19 mars 2012

BRESIL - Rio+20 : pourquoi cette nouvelle urgence des océans ?

Rappelons pour commencer l’importance du sujet traité, à l’aide de quelques données chiffrées que nous autres, êtres humains, oublions bien souvent. Pour commencer, les océans recouvrent les ¾ de la superficie de la Terre et contiennent 97% de ses réserves en eau. Ils abritent un nombre inquantifiable d’espèces pas encore identifiées, absorbent 30% du dioxyde de carbone que nous produisons, sont la première source de protéines de la planète et on estime à 3 milliards le nombre d’êtres humains dont la subsistance dépend de la biodiversité marine et côtière.

En bref, les propriétés des océans rendent la Terre habitable pour les êtres vivants ; pourtant le pourcentage des océans considérés comme « lourdement affectés » par les activités humaines s’élève à 40%.

La situation devient critique. C’est pourquoi le thème des océans s’est vu conférer une importance toujours plus grande sur la scène internationale, notamment depuis le Sommet de Rio 1992, jusqu’à devenir aujourd’hui le 6ème des 7 points critiques relevés par le Draft 0 (texte officiel des sujets traités à Rio+20). Parmi ces seven critical issues, on trouve également le thème de l’eau, qu’il convient de dissocier de celui des océans. Le thème de l’eau traite essentiellement de la maximisation de l’accès à l’eau potable et du traitement des eaux usées. Qu’en est-il du thème des océans ? Que trouve-t-on derrière cette grande question et pourquoi est-elle devenue l’un des points clés des plus grandes rencontres internationales autour du thème de l’environnement ? 

Une situation critique ?

Cela semble aujourd’hui évident : les rejets de déchets de toute nature (dioxyde de carbone, radioactivité, eaux usées et plastiques, produits industriels et agricoles, extraction de pétrole, etc.) ne cessent de polluer les océans, notamment dans cette dynamique actuellement d’urbanisation côtière galopante. Par ailleurs, la surpêche légale, la pêche illégale, les cultures intensives et aquacultures rendent la menace de l’épuisement des stocks criante, avec pour enjeux principaux la disparition de certaines espèces, le bouleversement de la chaîne alimentaire et de l’écosystème. La dégradation des récifs coralliens de l’ordre de 50% à l’échelle mondiale devient elle aussi très préoccupante puisqu’il s’agit d’un lieu privilégié de reproduction de nombreuses espèces et de régulation du flux marin.

A noter également le phénomène d’acidification de l’eau des océans depuis quelques années, laquelle devient alarmante. D’après la Commission de l’Océan Indien, la fonte des glaces devrait faire augmenter le niveau de la mer de 30 à 50 cm d’ici 2050. En fait, la question des océans soulève bien d’autre questions non moins importantes, telles que les transports, les emplois et le commerce, la faune et la flore sous-marines, l’eau potable, l’alimentation ou la gestion urbaine. 

Quelles propositions avancées dans le Draft 0 ?

Le thème des océans concerne les points 78 à 86 du texte/projet (Draft 0 est le texte de base sur lequel se construit la conf de rio+20). L’on peut regrouper ces propositions en quatre grands thèmes. Tout d’abord, la reconstitution des stocks marins et l’avènement d’une pêche responsable afin de préserver un maximum d’espèces, semble être la priorité n°1. Ensuite apparaît la volonté de monter et financer des études et évaluations scientifiques et techniques de la situation océanique.

Le thème des océans n’échappe donc pas à la nécessité d’être légitimé par la science avant que toute mesure concrète soit prise. Le Draft 0 insiste ensuite sur la protection des fonds marins. Enfin, on note la réaffirmation du statut particulier des petits Etats insulaires en développement (PEID). Finalement donc, aucune mesure concrète ni radicale en faveur de la préservation de nos océans ; ce manque est d’ailleurs décrié par bon nombre d’ONG. 

Quels acteurs mobilisés autour de la question des océans ?

Les négociations sur le sujet doivent se faire entre représentants des gouvernements, ONG spécialisées, organisations intergouvernementales mais aussi industries de la pêche et groupes pétroliers, lesquels représentent les principaux opposants à toute avancée en matière de protection des fonds. Les acteurs mobilisés sont de 4 natures différentes : les ONG (ex : GreenPeace), les grandes organisations internationales (ex : UNDESA), les Etats et gouvernements et enfin la population, représentée à Rio+20 par les Major Groups.

En étudiant de près les revendications et projets de chacun, on note une mobilisation globale mais quelques différences, comme la première volonté des Etats de réaffirmer et préserver leur souveraineté sur le territoire maritime national (qui peut représenter une grosse partie du territoire d’un pays selon les cas). Tandis que les ONG revendiquent la nécessité de créer de vastes réserves marines naturelles, les Major Groups insistent davantage sur l’importance de protéger et préserver les emplois autour des océans, tout comme le savoir-faire de la pêche artisanale.

Béatrice Ferreira & Lucile Bouteiller (M1- IHEAL)

Publicité
Publicité
Commentaires
Actualatina
Publicité
Actualatina
Archives
Publicité