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Actualatina
16 avril 2012

VENEZUELA - Un anniversaire du coup d’Etat très politique

Le 13 avril 2012 le Venezuela commémore l’anniversaire des 10 ans du retour de Hugo Chávez au pouvoir après son éviction opérée lors d’un coup d’Etat commencé le 11 avril 2002.

L’activation d’un plan

L’opération qui se déroule les 11 et 12 avril 2002 répond à un véritable plan constitué de concert entre une grande partie de l’opposition politique et syndicale, la centrale patronale, les médias de communication privés et un segment de l’armée.

Le 11 avril 2002, la principale centrale syndicale de l’opposition (CTV) et la centrale patronale (FEDECAMARAS), appellent à une grande grève nationale officiellement pour s’opposer à la politique du président, particulièrement la reprise en main de PDVSA, l’entreprise nationale de pétrole. Une grande manifestation de l’opposition se tient dans l’est de Caracas, mais à son point d’arrivée, des organisateurs de la marche et des responsables syndicaux appellent à marcher sur le palais présidentiel (Miraflores) distant de 11 km, en direction de l’ouest. Les partisans « chavistes » s’organisent alors autour de Miraflores afin de défendre leur président. Tous les éléments sont réunis pour un affrontement sanglant.

Se déclenche le plan préparé. La Police Métropolitaine (PM) étant sous contrôle de l’opposition, elle ne contient pas la manifestation venue de l’est de Caracas et la laisse approcher de Miraflores. La confusion survient quand des coups de feu jaillissent autour du palais, tuant des partisans des deux camps politiques. Plus tard on apprendra que des snipers avaient été placés afin de créer le chaos et de mener les manifestants à l’affrontement violent. La chaine de télévision nationale est prise d’assaut et les médias audiovisuels d’opposition diffusent des images laissant penser que les partisans bolivariens tirent sur la manifestation de l’opposition[1]. Plus tard sont diffusées des déclarations de gradés de l’armée demandant au président de signer sa démission.

Par crainte d’un bain de sang le président Chavez se retire de Miraflores très tôt le 12 avril, pour se rendre comme prisonnier à la base militaire de Fuerte Tiuna. Ce même 12 avril, Pedro Carmona, président de FEDECAMARAS (centrale patronale) prend la présidence de la République, et par décret dissout tous les pouvoirs, rompant ainsi officiellement avec la démocratie.

Le 13 avril, la mobilisation populaire de rue et les opérations d’une partie de l’armée restée fidèle à Chávez vont rendre possible le retour du président élu démocratiquement et la fuite des locataires temporaires de Miraflores[2].

Radonski et le coup d’Etat

La commémoration des 10 ans du coup d’Etat s’inscrit dans un contexte particulier avec les prochaines élections présidentielles du 7 octobre. Le candidat unitaire de l’opposition regroupée au sein de la Mesa de Unidad Democrática (MUD) est Henrique Capriles Radonski, acteur de ces journées d’avril. En effet en 2002 Radonski était maire d’une municipalité de Caracas (Baruta) dans laquelle est située l’ambassade de Cuba. Or, pendant le coup d’Etat s’instaure un siège de cette ambassade (avec coupure de l’électricité et de l’eau, dommages causés sur des biens), et Radonski ne va pas prôner l’apaisement mais davantage porter les revendications des « assaillants ». En arrivant sur les lieux il n’appelle pas à la retenue et se fait le porte voix des manifestants lors de la tentative de médiation à l’intérieur du bâtiment cubain. Il appui la nécessité d’inspecter les lieux afin de vérifier qu’aucun responsable du gouvernement bolivarien ne se cache à l’intérieur, ce que refuse catégoriquement l’ambassadeur, cet acte constituant bien sûr une violation des règles du droit international. Radonski sera poursuivi et ira même quelques semaines en prison pour ces évènements

Le jeune Radonski apparait également dans une vidéo du 11 avril 2002 de son parti PRIMERO JUSTICIA dans laquelle il est réclamé au nom du parti la démission des différents pouvoirs de la République, dont le président.

De plus, il joue un rôle central durant l’arrestation de Rodriguez Chacín alors ministre de l’intérieur retranché chez lui pendant le coup d’Etat. Radonski en tant que maire de la municipalité se rend au domicile du ministre et lui prit de sortir pour que l’on puisse opérer à son arrestation, alors qu’une foule l’attend à l’extérieur pour le molester.

A la recherche d’une nouvelle image

A propos de l’anniversaire des dix ans de ces évènements, le candidat à l’élection présidentielle parle aujourd’hui de « célébration par le gouvernement de la division du peuple », « de la confrontation entre les Vénézuéliens » et appelle à abandonner la haine[3]. Par ailleurs il se prononce contre tous les coups d’Etat, désireux de mettre en avant son succès électoral au poste de gouverneur de Miranda en 2008 dans le cadre du respect de la constitution. Il souligne que le coup d’Etat a été opéré par des militaires et non des civils[4]. Sa posture démontre bien la volonté actuelle de la MUD de se détacher de cet épisode dans l’objectif de se donner une image lissée.

La pré-campagne de Radonski œuvre pour les déclarations apaisantes, rejetant la violence liée à la tentation de vengeance que pourrait produire son éventuelle élection. Il affirme qu’il existe une possible conciliation avec d’anciens « chavistes » déçus et reconnait même l’utilité de certaines missions sociales instaurées par le gouvernement bolivarien. Les éléments politiques prônant l’affrontement direct sont volontairement écartés par l’équipe de Radonski. L’objectif pour eux est de donner une crédibilité à l’option Radonski, et ce en prônant un programme de gouvernement unitaire, aux accents néolibéraux.

Néanmoins, selon les enquêtes les plus crédibles le candidat de la MUD accuse encore un important retard face à Chávez.


[1] Pour une compréhension des faits survenus autour de Miraflores le 11 avril 2002 voir le documentaire « Puente Llaguno : Claves de una masacre », disponible en ligne.

[2] Pour une analyse des évènements des journées des 11, 12 et 13 avril 2002 voir le documentaire «La revolución no será transmitida » diponible en ligne.

[3] Voir article de El Universal

[4] Voir autre article de El Universal et El Nacional 

Voir les principaux moments du discours du président Chávez du 13 avril 2012 : Ultimas Noticias 

Mathieu Grand 

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