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Actualatina
29 octobre 2011

BOLIVIE - « Par la tête d’Evo ! » 66 jours de marche, 600 km de distance et 60 jours de discorde

L’abdication d’Evo Morales face à la pression des communautés indigènes ne mettra pas fin aux conflits sociaux en Bolivie. La route sur le territoire indigène TIPNIS (Territorio Indígena Parque Nacional Isidoro Securé) ne sera pas construite, mais les contradictions partisanes déchirent le gouvernement du MAS (Mouvement vers le socialisme) et questionnent le projet de développement économique du pays.

Luttant pour le TIPNIS la tête bien haute

Le TIPNIS est tout un symbole, il est l’emblème des mouvements sociaux boliviens. Parc national depuis 1965, il conquit le titre de « territoire indigène » (1990) en l’arrachant au gouvernement néolibéral de l’époque après (déjà !) une marche indigène. Ainsi, en théorie, le TIPNIS est un territoire doublement protégé, comme réserve naturelle et comme territoire indigène… or, c’est ce que le projet routier méconnaissait, méconnaissant aussi l’obligation constitutionnelle de consultation des communautés indigènes.

Entre-temps, la réserve a été peu à peu rongée par les producteurs de feuilles de coca... Le gouvernement dont la base militante est « cocalera » feignait de ne pas les voir. Ainsi, la construction de la route était très attendue par les cocaleros car avec elle ils pourraient coloniser de nouveaux territoires et augmenter leur production. 

Archéologie du projet : géopolitique brésilienne en Bolivie

La construction de la route dans le TIPNIS fut envisagée dans les années 1990, entre autres pour l'exploitation pétrolière. Depuis, le géant Petrobras fait les yeux doux aux différents gouvernements boliviens. En effet, la géopolitique brésilienne des ressources n'est pas étrangère à tout ce processus. Après que le projet a été intégré au Corridor Océanique de l'IIRSA (Initiative pour l'Intégration de l'Infrastructure Régionale Sud-Américaine, 2003) et que Morales l'a déclaré « priorité nationale »  (2006), sa construction fut octroyée à la brésilienne OAS... celle qui construisit aussi la route vers Uyuni, le désert de sel avec la plus grande réserve mondiale de lithium. 

Ainsi, les défenseurs du TIPNIS n’ont pas hésité à qualifier le projet de « tyrannie anti-indigène au service du Brésil, de l’IIRSA et des transnationales ». Le conflit prend d’autant plus d’importance si l’on comprend qu’en Bolivie malgré la rhétorique socialisante le projet de développement économique reste, encore et toujours, extractiviste… pire ! on va même jusqu’à toucher et exploiter des domaines que le néolibéralisme passé n’avait pas réussi à pénétrer : le TIPNIS !

Veulent-ils la tête d'Evo ?

Avec tout cela, Evo a perdu de sa superbe. Lui qui arrivait à rallier la majorité des boliviens – malgré les incohérences idéologiques de son parti –, le voilà attaqué par ses propres bases socio-électorales. Evo ne fait plus l’unanimité, il est même vu comme le « laquais des entreprises brésiliennes ». Non seulement son parti (MAS) est en voie de désintégration – visionnaires et alarmistes prédisent sa chute – mais Evo ne possède plus le monopole de la représentation indigène et populaire. Les premiers se sentent trahis par l’indien qui réprime les indiens, et les cocaleros ne comprennent pas l’abandon de leur leader. Dans l’abstention et l’échec aux élections du 16 octobre on sent la solitude d’Evo, lui et le MAS issus des mouvements sociaux voient ces mouvements se retourner contre eux…

Combien de temps faudra-t-il pour qu’ils demandent la tête d’Evo… au bout d’une pique ? 

69598132
 
 

 

Carte représentant 
le projet initial
Site de l'UNASUR
 
 
 
 
Sources : El país (Espagne), Página siete (Bolivie), La Pr1mera (Pérou), Alainet (América Latina en movimiento)                                                                                                                       

 
FE
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